Donuts & neurochirurgie [ Brittany ]

La journée de Jude avait été pour le moins chargée. Enfin, "chargée" demeurait encore un mot faible pour décrire la journée de folle course contre la montre qu'avait passé Jude. Ça faisait depuis le début de la semaine qu'il avait programmé plus ou moins les activités qu'il avait à faire pour ce dimanche-là, et il avait beau s'être levé à une heure plus que matinale pour arriver à tout faire dans sa journée, il avait tout de même eu le sentiment de courir un peu partout, fait qu'il détestait particulièrement, étant d'un naturel lent et ne se pressant pas pour deux sous.

Quoi qu'il en soit, en quelques mots, Jude s'était réveillé vers les six heures du matin, se dirigeant promptement vers sa garde-robe et enfilant un pantalon gris, un t-shirt orange très voyant, un sweater aux rayures tantôt grises claires, tantôt grises foncés et s'était précipité silencieusement vers l'entrée de la résidence qu'il partageait avec un jeune homme nommé JD avec lequel il s'était lié d'amitié et qui dormait encore paisiblement, pour enfiler ses converses et s'emparer de son manteau et de son sac.

Cette matinée vous semblait déjà assez mouvementée ? Attendez de voir la suite. Jude avait marché jusqu'à l'arrêt d'autobus, s'arrêtant devant un distributeur pour se payer un sandwich qui s'était avéré infâme mais qu'il s'était forcé d'avaler question de remonter son taux de glucide et de protéines dans le sang. Et là, il s'était assis sur le banc, dont le dossier venait tout juste d'être repeint. Et un beau manteau aux rayures bleutées pour Jude ! Si seulement il s'en serait rendu compte sur le coup... Quoi qu'il en soit, l'autobus était arrivé -avec trois minutes 53 de retard précisément- et emmena notre jeune adolescent proche de chez sa tante pour laquelle il devait faire "quelques" commissions. Bien sûr, Luke et Maia auraient très bien pu le faire, mais étrangement, sa tante Lucy voulait que ce soit "son petit loup" qui s'en occupe. Autrement dit, Jude le solitaire et renfermé.

Rendu à destination, Jude s'était fait renvoyé de manière aussi rapide qu'il avait tenté d'engloutir cette ignoble sandwich :

- Oh, tu es là ! Il est tôt ! Ça tombe bien, Harold n'a pas voulu poster mon courrier en repartant. C'est complètement stupide, c'est sur son chemin... Je crois qu'il s'est vexé quand j'ai refusé de lui donner une part de mon gâteau au rhum...
- Pourquoi tu ne lui en as pas donné ?
- Hé bien, j'avais des invités Jude ! Et puis... Harold m'horripile.
- Ha ? Qu'est-ce qu'il a fait cette fois ? Bousculé ton paillasson un peu trop vers la droite ?
- Oh please, don't be silly. Tiens, voilà ma liste, tu es adorable de faire ça pour moi. Et voilà mon courrier à poster.
- C'est rien... De toute façon il fallait que je fasse plein de trucs dans le coin... Et puis, c'est cool, il y a tellement de choses sur ta liste que je sens que je ne vais pas du tout m'ennuyer aujourd'hui... A plus tard tante Lucy !

Et Jude était reparti, déposant un baiser sec sur la joue que lui tendait sa tante. Mémorisant la liste de cette dernière, il s'inventa un itinéraire dans la tête question de pouvoir gagner du temps, ou plutôt, réussir à faire tout ce qu'il devait faire.

Jude passa ainsi dans diverses et variées boutiques, remplissant son sac à bandoulière de dix millions de choses diverses et variées... Et après une matinée ainsi qu'une après-midi entière de courses, il réussit à tout réaliser, tout déposer chez sa tante Lucy qui à son goût ne remarqua pas assez l'effort herculéen qu'il venait de commettre, et se dirigea vers l'arrêt d'autobus le plus proche.

Lorsqu'il reconnu la petite cabane emménagée exprès pour le commun des mortels n'ayant plus de moyens de communication à leur disposition ou privilégiant les transports en commun afin de maximiser la sécurité de l'atmosphère terrestre, Jude s'assit penaud sur le banc, un sac en papier dans une main et son sac avec son manteau tâché d'agréables bandes bleues sur l'autre épaule. Il ouvrit son sac à bandoulière après l'avoir jeté à ses pieds, et sortit sa nouvelle acquisition : le livre sur la neurochirurgie qu'avait conseillé un des professeurs de l'université. L'adolescent s'empara du donuts aux bonbons multicolores -ses préférés, lui remontant le moral à coup sûr tout en lui procurant de l'énergie à revendre- et commença à feuilleter le livre, emmagasinant comme à son habitude les informations contenues dans l'ouvrage, mordant de temps à autres dans la pâtisserie, ne faisant même plus attention à son entourage, tellement passionné par sa lecture.